C'était un jour où il était hors de question que tu te fasses avoir par la route, et tombe le cul parterre.
Y a des jours bénis comme ça, et c'est tant mieux
J'ai un souvenir mémorable avec ma 600 CBR de 98, à Reims.
Il pleut autant qu'il y a de grains de raisins produits par les pieds de vigne de la région champenoise.
Je suis en plein centre de Reims, paumé.
Un haut fonctionnaire cantonnier a vendu au Maire de Reims des passages piétons sur la base de grandes plaques du genre marbre de Carrare.
Putain, c'est vrai que c'est beau, chatoyant. La classe !
Je suis donc perdu dans le centre Reims, et au pas pour pas gêner mon monde, je fais demi tour sur un de ces passages large et marbro-mouillé.
Au pas et à l'embrayage, j'peux pas faire plus lentement ...
Punaise, la moto part en sucette, la roue arrière burn, le cul file directe vers l'avant de la moto, situation pas vraiment normale pour une moto.
Je contre braque mais la roue AR veut rien savoir et continue de me faire comprendre que pour une fois dans sa vie de roue AR elle voudrait bien goûter aux joies que peut éprouver la roue AV.
Pied gauche au sol pour tenter de récupérer la situation j'arrive presque à stabiliser c't'affaire. Mais la roue AR est têtue et reprend sa gigue à la moindre opportunité.
Nom de Zeus !!!
Je me vois par terre. Enfin pas moi, je sui sen équilibre sur ma jambe gauche, mais la moto oui, elle va tâter du Marbro-mouillé, plus la honte pour moi ...
Putain non, elle ira pas se vautrer ma CBR. Ma décision est prise !
Mais il faut que je sorte de cette patinoire champenoise bordel. Je me bagarre avec la moto, la glisse du pneu AR jusqu'à réussir à finir mon demi tour et sortir de cette impasse et rejoindre un bitume normal, avec du ................ grip.
Bonne décision que de me bagarrer, je m'en sort sans dommage.
Après coup, quel délire pas croyable. Je ne pense pas avoir fait une erreur de conduite, mais cette baston avec la moto, le revêtement pourri et le "non j'tomberai pas !" m'a bien fait transpirer puis bien marrer après coup.
Comment ai-je réussi à me retrouver dans cette situation ubuesque ?
Et oui, quand on ne veut pas se prendre une pelle, quelle que soit la situation, ben on ne la prend pas, et pis c'est tout !
Mais c'était pas mon jour.
Je rentre chez moi et traverse la forêt de Compiègne. Il fait nuit maintenant et la route à travers la forêt est humide.
La moto louvoie un peu, mais c'est normal avec le sol gras mouillé.
Le temps est frais, j'aime rouler de nuit, donc j'suis aux p'tits poils. La moto ronronne et ondule doucereusement. La belle vie en fait.
Je rentre dans Compiègne m'arrête au feu rouge d'un carrefour. Tiens c'est marrant, j'ai les pieds plus à plat que d'habitude ?
Je regarde la roue AV, la roue AR. Punaise, la roue AR est à plat
Je pousse la CBR sur le trottoir. Et j'fais comment moi maintenant ? J'ai pas de bombe ni de mèche.
Oui, je sais !!!
En fait je suis à un carrefour où il y a un concess Yam que je connais. Il est aux environs de 19 h 30 c'est fermagat, mais j'paris une coupe de champagne que le vendeur est au bistrot d'à côté.
Et une coupe, une !!!
Oui il est là, écoute ma galère et fonce m'ouvrir rapidos le rideau métallique de l'atelier pour que j'y pousse ma moto fissa.
Même pas eu besoin de neutraliser momentanément l'alarme que la moto est à l'abri et le rideau baissé.
Le lendemain le pote concess a mis une mèche pour combler un trou du diamètre d'une pièce en argent de 1 centime de francs.
Le Dunlop était quasi neuf, le pote m'a dit que ça tiendrait, et oui, ça a tenu jusqu'au changement de pneu.
Putain de roue arrière !
Le moment le plus dur ce jour là en fait, c'est quand j'ai appelé Madame Xav' pour lui dire "viens m'chercher"